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de mes rêves... à mes ailes...
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26 avril 2022

L'enfant 1

L'enfant 1





Lorsqu'ils voient cette petite maison perdue au milieu des collines corses, c'est un véritable coup de cœur.

- Vous savez, les autochtones disent qu'elle est hantée. Elle a déjà été achetée au moins cent fois et revendue moinsd'un an après.

Mais, main dans la main, Laetitia et William la visitent dans la lumière crue de l'ardent soleil corse et ils perçoivent comme un appel venant de ses murs.

Attendez ! Dit-elle à l'agent immobilier qui veut refermer les volets de la maison. Attendez ! Ne les refermez pas tout de suite. Regarde William, on dirait qu'elle sourit. Le jeune homme qui ouvre déjà la portière de sa voiture revient se mettre derrière sa femme et croisent ses bras sur la poitrine de cette dernière. Lui aussi est surpris par cette impression de joie paisible qui émane de la petite demeure. Et tous les deux savent alors que ce sera là qu'il veulent élever le petit bout d'homme qui commence à prendre de plus en plus de place dans le vie avant même d'avoir vu le jour.

- Quand pourrons-nous signer ?

L'agent immobilier vient se mettre à côté d'eux et longuement regarde cette petite bâtisse fissurée, blanchie à la chaux, aux volets bleu charrette qui semblent ne plus tenir que par miracle, venant fermer des trous béants où les vitres ont depuis longtemps cédées aux ravages du temps. Seule les tuiles neuves rouge sombre vernisées qui luisent sous le soleil semblent à ses yeux la seule chose intéressantes dans ce qui pour lui n'est qu'une ruine.



 

- Et bien, je n'aurais jamais cru qu'il puisse pleuvoir autant en Corse ! Will vient sèche-toi mon amour.

La jeune femme tend à son mari, une des deux serviettes éponges qu'elle sort d'un carton ouvert depuis peu .

- Non attends, il faut que je finisse de rentrer les sacs et tous les matériaux dans la bergerie.

Les mains sur les hanches, pour soulager ses reins que son gros ventre met à dure épreuve, elle le regarde sortir puis s'approche de la fenêtre et le suit des yeux jusqu'à ce qu'il quitte son champs de vision.

Un sourire aux lèvres elle jette un regard emplit de bonheur autour d'elle. Elle est heureuse, elle a l'impression d'être entourée d'amour.

- Oui, ici nous serons heureux.

- Elle est trop bonne cette soupe, tu n'en avais jamais fait d'aussi bonne, il y a quoi dedans ?

- Et bien figure-toi que j'ai eu envie d'aller me promener ce matin et j'ai eu envie de cueillir des herbes et de les ajouter au simple potage habituel.

- Tu as bien fait, c'est réussi, ma petite femme est une meveilleuse sorcière. Demain, je reprends le travail, ce sera à toi de recevoir l'électricien et l'employé d' Orange pour la ligne de téléphone.

- Oui, oui, t'inquiète, je suis une grande fille. Retour à tes avions mon amour.

- Tu n'oublies pas si quelque chose ne va pas, tu appelles et si tu ne peux pas appeler mets sur la table dehors, sur la table en bois le gilet de sauvetage. On se débrouillera pour qu'il y ait toujours l'un de nous qui survole notre maison.

- Tu es fou, mais je t'aime sûrement pour ça.

- Il faudra vite que l'on t'achète une voiture car je ne te sens pas en sécurité sans moyen de locomotion au milieu de cette garrigue.

- Que veux-tu qu'il m'arrive ?

- Et bien en premier ce que je combats tous les jours, le feu !

Laetitia remet une bûche dans l'âtre et à nouveau elle entend la maison ronronner.

William fatigué de trois jours de garde d'affilé s'est déjà couché. Elle prend son livre et de son rocking-chair ,elle sourit en le voyant sourire lui aussi dans son sommeil. La main sur son ventre, elle ferme les yeux et rêve au printemps qui arrivera assez vite et qui leur permettra de continuer les travaux . Elle a hâte de casser le mur qui ferme une petite pièce juste à côté de celle-ci. Cela leur fera une grande pièce à vivre. Puis s'attaquer au premier qui pour l'instant n'est accessible que par une échelle que William a enlevé et remisé dans la bergerie.

Les yeux fermés elle fredonne une berceuse à l'enfant à venir qu'elle sent bouger sous sa main.

Boum !

Le choc qui vient d'ébranler la petite maison a jeté William debout devant sa femme qui semble n'avoir rien entendu. Elle continue à fredonner sourire aux lèvres.

Il ne veut pas l'effrayer et se dit qu'il a sûrement rêve, et après avoir fait un tour rapide de la pièce et avoir ouvert la porte pour regarder dehors où tout semble paisible, il se recouche, tourné vers elle. Elle a l'air paisible et heureuse et il se rendort apaisé lui aussi.



 


William réveille-toi. Il faut y aller mon amour, si tu veux tenir ton fils dans tes bras.

Aussi rapidement que quelques instants auparavant, il est debout puis habillé.

Elle passe la serpillière sur le sol.

- Oui j'ai perdu les eaux mais ce n'est pas grave tu sais,on a le temps.

Mais elle lâche le manche du balai pour se plier en deux et déjà il est devant elle pour la soutenir et à nouveau il entend ce choc, ce bruit sourd qui ébranle toute l'ossature fragile du petit édifice.

- As-tu entendu ?

- Non, mon amour qu'aurais-je du entendre Encore une fois, il se tait et l'aide à s'asseoir sur le lit. Tu sais en fait je crois que l'on aura pas le temps d'y arriver. Je sens sa tête.

Il s'agenouille devant elle et soulève sa longe jupe et l'aide à enlever sa culotte. Des femmes, il en a aidé plusieurs à accoucher mais là c'est elle. Mais là, c'est sa femme.

- Oh bordel, tu as raison,je vois ses cheveux. Il a à peine dit ça que toute la tête apparaît et mettant ses mains en-dessous, il accueille le petit être qui pousse un cri qui fait vibrer les vitres des fenêtres. Mon amour c'est un garçon.

- Oui je sais il s'appellera José.

- José ? Nous n'avions pas dit Antoine comme ton père.

- Non José !

Appuyé sur ses poings au bord du lit elle sourit. Elle a les yeux brillant mais un léger voile semble lui donner un air détaché comme absent.

- Mon amour tu vas bien ?

- Oui Toussaint, je vais bien.

William a un mouvement de recul et avec une voix sourde.

- Laétitia c'est qui Toussaint ?

- Qoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Donne-moi notre petit Antoine.

Il enlève son teeshirt en emballe le nouveau-né dedans. Puis va chercher une paire de ciseaux qui fait rougir au-dessus d'une flamme et reviens couper le cordon qui a fini de battre. Doucement lorsqu'il la voit grimacer pour pousser et évacuer le placenta, il réalise qu'elle ne s'est pas plainte jusqu'à présent comme si elle n'avait ressenti aucune des douleurs de l'enfantement. Il emballe le placenta dans un torchon avant d'aller appeler les collègues.

- William ne leur donne pas le placenta va l'enterrer dans le jardin, tu planteras au-dessus un olivier. Qu'en penses-tu d' Olivier pour second prénom ?

Il opine de la tête mais d'abord téléphoner. Il se relève avec les mains autour de cet objet encore chaud et souple. Aller le planter. Il secoue la tête pour essayer de reprendre le cours de ses pensées. D'abord téléphoner. Il ouvre la porte et ses pas le dirigent vers la porcherie où il se saisit d'une pelle pour ensuite se diriger vers le fond du jardin.

Il s'arrête et regarde ses mains. Qu'est-ce que je fous là moi ? Ah oui enterrer le placenta. Il creuse un trou assez profond et dépose au fond le précieux paquet puis le recouvre de la terre retirée.

Il repose la pelle dans la vieille porcherie et reviens dans la maison. Elle s'est assisse sur le fauteuil et allaite le bébé, elle sourit, lui aussi. Il va s'accroupir en face d'elle et reste ainsi la main posée sur son genoux, son petit doigr tenu par l'enfant qui, de ses yeux bleux grand ouverts fixe le mur derrière lui.

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