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de mes rêves... à mes ailes...
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22 avril 2010

poussière

Poussière tu es, poussière tu redeviendras !
Cette phrase me trotte dans la tête depuis que Madame Schmitt l'a 
dite. Je regarde mes mains, j'en pince la peau, aïe ! Loin d'être en 
poussière. Et puis je ne veux pas retomber en poussière.
Le soleil de printemps n'est pas assez chaud pour m'empêcher de 
relever d'avantage le col de mon manteau. J'ai froid aux jambes. 
J'envie mes grand frères avec leurs pantalons. La troupe des garçons 
passe à côté de moi en courant. J'ai envie de les suivre, cela me 
réchaufferait mais je sais où ils vont, se taper dessus avec ceux 
d'en face. Justement en voilà une de ceux d'en face : ils sortent du 
temple.
- Marie-Flore attends-moi !
- Hello Cath, je viens de voir passer ton frère et Robert. Ils sont 
débiles ces garçons, aujourd'hui ils vont se battre et demain dans la 
cour ils joueront ensemble. Tu as fait ton problème de maths ? Moi je 
n'y arrive pas.
- Non pas encore, sûrement après mon cours de danse.
- Ouais tu parles tu vas lui demander de te le faire, c'est ça ?
Je la regarde en prenant l'air le plus outré possible. Bon c'est vrai 
que j'y ai pensé mais je ne l'avouerai pas à cette pimbêche qui est 
parmi les premières de la classe. Je hausse les épaules.
- ça sert à quoi les maths puisque nous ne sommes que poussière et 
que nous redeviendrons poussière.
Marie-Flore éclate de rire.
- A en compter les grains, à occuper ceux qui s'ennuient. Je ne sais 
pas moi. En tout cas Papa m'a dit qu'il s'en servait tous les jours.
- Normal ton père est banquier mais ce ne sont pas des grains de 
poussière qu'il compte, il n'y en a pas dans son gros coffre. A 
chaque fois que j'accompagne maman j'ai peur de rester enfermée 
dedans. Au fait, tu sais comment Maman elle l'appelle ton père ?
- Non mais ce ne doit pas être pire que les noms que lui donne la 
mienne.
- Oh! Raconte ! Ils se sont encore disputés ? Les miens ils 
s'entendent trop bien, ce n'est que des chéris, des ma poulette, mon 
roudoudou, etc... Ils me donnent envie de vomir.
Marie-Flore se penche sur mon épaule et me raconte la dernière 
dispute de ses parents. J'apprends au passage du vocabulaire interdit 
à la maison. Chouette je m'en servirai contre mes frères !
A la hauteur de la rue des tanneurs nous nous séparons, après avoir 
récupéré chacune notre frangin.
Théo rechigne puis finalement disparaît en compagnie de Hugo son 
meilleur copain. Les derniers combattants se séparent en se donnant 
rendez-vous pour le lendemain. Robert vient vers moi.
- Ah ! tu es propre maintenant. Le gamin se secoue, tape sur les 
jambes de son short long, frotte ensuite ses mains contre son pull. 
Il affiche un air ravi. Décidément je ne les comprendrai jamais. Tu 
vas te faire gronder. Arrête de bouger que je t'essuie le visage. Tu 
as vu tes genoux.
- Bah un peu de poussière n'a jamais tué personne !
- Ne me parle pas de poussière aujourd'hui !
Il se met à rire et à chanter : poussière ! Poussière ! Poussière ! 
Je hausse les épaules et reprends ma route, il m'énerve, il est 
infernal. Il finit par se taire et vient mettre sa petite main dans 
la mienne.
- Tu es fâchée ?
- Oui !
- Oh ! Pardon !
- Tu parles ! Dans cinq minutes tu vas recommencer. Ses yeux brillent 
mais il ne chante plus.
- Tu veux que je te dise comment on dit poussière en anglais ?
-Non !
- Tu sais, moi j'aime bien quand il y a de la poussière quelque part, 
on peut dessiner dessus. Et puis sans poussière, il n'y aurait pas de 
terre, pas de plantes, pas de vie. Nous venons sûrement d'un peu de 
poussière stellaire qui...
Je l'écoute m'exposer encore une de ses théories fumeuses qu'il a lue 
dans un de ses livres. Il m'épuise. Il ne peut pas être comme tous 
les garçons de la Terre ? Pourtant même s'il est unique, il est 
strictement comme les autres, la preuve, il passe son temps à se 
battre quand il ne bouquine pas. Lui aussi redeviendra poussière. Et 
là, je ne sais pas pourquoi je me mets à pleurer. Je suis secouée de 
gros sanglots. Il se tait, me regarde sans comprendre. Nous sommes 
devant la boulangerie, maman nous a vus, elle sort, se précipite vers 
nous.
- Que lui as-tu encore fait méchant garçon ?
- Rien, il ne m'a rien fait. Je m'enfuis en courant vers la maison, 
m'arrête et me retourne vers eux. Dans leurs regards 
l'incompréhension. Je leur crie : Je ne veux pas que vous redeveniez 
poussière !

Ln des Landes

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