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de mes rêves... à mes ailes...
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23 mars 2002

rupture

Dix-sept heures quarante-cinq. J'avais quinze minutes d'avance. Que
faire? J'optai pour aller attendre Agnès devant un milkshake.
_ « Bonjour! Un milkshake banane s'il vous plaît! »
Elle leva les yeux et eut un immense sourire.
_ « Mais bien sûr monsieur, voilà! J'espère que votre commande vous 
conviendra!
_ « Le contraire serait étonnant, mademoiselle. »

Sur le chemin j'embrassai deux de ses collègues. L'avantage d'avoir
sa petite copine qui bosse dans un fastfood c'est que l'on est bien
servi, que les pots sont pour une fois réellement pleins!

Je m'installai à l'ombre, même à dix-huit heures, le soleil de juin 
tapait encore très fort.
_ « Salut!  Je peux m'asseoir avec toi?
_ « Oui, bien sûr. »
La collègue d'Agnès s'assit de l'autre côté de la table. Elle me 
présenta le paquet de cigarettes, d'un geste de la main, je refusai.
_ « Au fait mes félicitations!
_ "Félicitations pourquoi?
_ « Bien pour votre décision.
_ « Quel décision? »
Assis dos à la table face aux jeux
pour gamins, j'observais deux d'entre eux s'envoyer dessus de plus en
plus fort les balles du labyrinthe de jeux du restaurant. J'attendais
sadique le moment où l'un d'eux aller se mettre à hurler.
Je m'assis correctement. Je fis face à la collègue d'Agnès. Elle 
m'inquiétait, quelle décision avais-je pu prendre à l'insu de mon 
plein gré???
_ « Bin de vous marier. »
C'est bien ce que je craignais! Je posai mon milkshake. Elle venait 
de me couper l'appétit!
_ « Hein? Quoi? Comment? Merci de me l'annoncer. J'ignorai que je
comptais me mettre la corde au cou!
_ « La bague...
_ « Quoi la bague? Un bout de métal avec un caillou c'est tout.
_ « Et bien je crois qu'elle l'a prise pour une bague de fiançailles,
si tu veux savoir. »

Justement ma fiancée arrivait. Je me levai sans un mot.
_ « Salut mon amour! »
Elle se mit sur la pointe des pieds pour m'embrasser. Au lieu de me
baisser, au contraire je me redressai que d'avantage.
_ « On y va! Il faut que l'on cause tous les deux.
_ « Qu'est-ce qui se passe?
_ « Viens, je te ramène chez toi. »
Sa collègue resta assise. Elle écrasa sa cigarette pour s'en rallumer 
un autre dans la foulée. Le regard que je croisai, était plein de 
remords.
Je laissai Agnès se coller à moi. Je passai simplement mon bras 
autour de ses épaules.

Arrivé au combi, je lui ouvris la portière passager et pendant 
qu'elle s'installait, allais moi-même m'asseoir derrière le volant.
_ « Alors qu'est-ce qu'il y a?
_ « C'est quoi cette histoire de mariage? »
Elle eut un de ces jolis sourires dont les filles ont le secret. Un
de ceux où en tant que mec on ne peut résister. Elle fit tourner la
bague sur son doigt. Puis son regard devint triste et Agnès s'assit 
sur son
siège, les jambes repliées sous elle, tournée vers moi, la tête
appuyée à la paroi qui séparait la cabine du reste du combi.
_ « Ce n'est pas une bague de fiançailles, alors?
_ « Non!
_ « Alors pourquoi me l'as-tu offerte? »
Mais pourquoi faut-il toujours avoir une bonne raison pour faire
quelque chose?
_ « Je ne sais pas moi, tu me zonzonnais avec, à chaque fois que nous
passions devant cette vitrine. Je ne t'ai jamais rien offert. J'ai
juste eu envie de te faire plaisir, c'est tout! Les petits cadeaux
entretiennent l'amitié, non?
_ « Ah il n'y a que de l'amitié entre nous?»
Et flûte! Je stoppai au feu et la regardai. Comment lui dire? Comment
lui expliquer? Si! Je l'aimais bien , j'aimais être avec elle. Mais
non, je n'étais pas amoureux d'elle. J'étais bien amoureux mais pas
d'elle! Et zut comment dire à une fille qu'elle n'est qu'un pis
aller. Que je sortais avec elle qu'en attendant de pouvoir être avec
celle que mon coeur aimait réellement.
_ « Non pas que de l'amitié. Je t'aime beaucoup mais je te l'ai déjà
dit: je ne veux ni me marier ni avoir de gosses! Ce n'est pas pour
moi tout ça!
_ « Oui mais bon tu ne m'aimes pas réellement?
_ « Tu veux que je te dise quoi? Non, je ne t'aime pas? Ce ne serait
pas vrai. Je t'aime mais pas suffisamment pour que tu me passes la
corde au cou. Je ne suis pas le genre de mec tenté par ce genre de
chaînes.
_ « Mais pourquoi avoir mis tant de frics dans cette bague?
_ « Elle ne te plaît pas? »
Elle l'avait enlevée et la regardait. Je vis que des larmes
silencieuses coulaient sur ses joues. Et merde! Nous étions arrivés
je garai mon véhicule et vins me mettre à genoux devant elle, à
l'étroit entre nos deux sièges.
_ « Agnès, ne pleure pas pitié! »
Elle me tendit la bague. Je la pris et saisissant sa main, je la lui
remis à son annulaire gauche.
_ « Elle est à toi. Garde-là. On ne refuse pas un cadeau. Pour moi,
ce fut toi mon cadeau et il n'avait pas de prix!! »
Elle essaya de sourire mais je sentis l'effort qu'elle faisait.
J'embrassai ses joues humides, elle tourna la tête et me repoussa.
_ « C'est bon va! J'ai compris. »
Elle ouvrit la portière. Nous restâmes tous les deux une bonne
minute, les yeux dans les yeux sans un mot. Puis elle descendit.
_ « Tu sais, moi, je t'aimais vraiment. Non! Je t'aime!  Désolée
d'être une idiote. Adieu! »
Elle referma la porte. Je me redressai et m'assis à ma place, la
suivant du regard jusqu'à l'entrée de son immeuble. Elle ne se
retourna pas.
Je mis un certain temps avant de redémarrer. La tête sur mes avant-
bras, j'étais partagé entre l'envie de partir et de lui courir après.
C'était la
première fille, avec qui je restais plus qu'une nuit. Mais je savais
aussi que ce ne serait que reculer pour mieux sauter: en octobre je
serai obligé de rompre de toute façon puisque je retrouverai Clémentine.
  Je tournai la clef de contact.
Bah jusque là, j'aurais toutes les autres filles de la Terre!

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