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de mes rêves... à mes ailes...
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4 mai 2002

rupture sur un quai de gare....

Mon TER en provenance de Mont de Marsan venait de stopper en gare de Bordeaux.
J'avais trois heures d'attente devant moi avant de pouvoir monter dans le train suivant, cette fois en direction de Paris où je ferai une petite halte chez les grand-parents, histoire de me faire un peu plaindre. Puis je continuerai mon périple pour aboutir demain midi à mon terminus: Dijon.
Mon gros sac saucisson kaki qui pesait une tonne émit un bruit mât en touchant le sol devant le banc. Je m'assis en gardant le petit sac à dos sur les genoux. La vieille sur ma gauche me sourit mais le mec sur ma droite faillit rouspéter en enlevant son cartable de la place libre avant que je pose mes fesses dessus mais rencontrant mon regard, se tut. Ma tête rasée ou presque et mes sacs kakis, il avait du me prendre pour un des légionnaires qui étaient passés juste avant moi.
Pour continuer à l'effrayer, je sortis mon livre en cours:  Le bataillon du ciel de Kessel.
Ce fut la vieille qui me sortit de ma lecture.
- Kessel, je connais, J'ai lu le lion mais je n'ai pas aimé, trop triste.
- Oui madame mais là ce sont des hommes qui meurent pas un animal, c'est pire et ce n'est pas un roman, c'est de l'histoire. La vraie d'histoire celle faite de la chair et du sang de ceux qui nous ont permis d'être libre aujourd'hui.
- La guerre, c'est une saloperie et les militaires des salopards! Je mis à sourire. Pas gonflée la petite vieille! Je vous ai choqué jeune-homme?
- Non madame seulement amusé.
Le TER venait de repartir avec une nouvelle charge d'hommes, de femmes et d'enfants. Un jeune couple vint s'arrêter juste devant nous.
- Tu vois je te l'avais dit que nous allions le rater!
- Il y en a un autre dans une heure
- Et en attendant, je fais quoi moi?
- Tu attends comme tout le monde!
La jeune femme se fit tendre, se collant au garçon. Ils devaient avoir tous les deux autour des vingt ans, lui un peu plus, elle juste un peu moins. Il la repoussa violemment des deux mains. Elle fit deux pas en arrière manquant tomber
- Tu ne vois donc pas que je suis énervé à cause de toi?
- Mais c'est moi qui t'ai attendu!
- Ah bon? Alors là, j'aurais tout entendu! Madame traînasse au toilettes et c'est elle qui m'attend.
Les joues de la fille rosirent légèrent et elle jeta un regard effarouché tout autour d'elle. Elle s'aperçut que je la regardais. Elle prit encore un peu de couleur et baissa le regard.
-Oh! qu'est-ce qui t'arrive encore? J'en ai marre de toi! De tes simagrés. Mais regarde-moi quand je te parle.
Je la vis serrer les poings, les ariculations de ses petites mains blanchirent, et elle prit une grosse boufée d'air, gonflant ses poumons sûrement pour se donner bonne contenance, ce qui fit se pointer une petite poitrine ferme. Elle se redressa et lui fit face.
- Et bien moi aussi j'en ai marre de toi! Marre de ta goujaterie, de ton machisme et de ta violence. Vas-y donc tout seul chez tes abrutis de parents. Moi je retourne chez les miens!!
Se saissisant de son petit sac rouge posé à ses pieds elle s'éloigna vivement.
Le garçon eut vite fait de la rattrapper deux métres plus loin.
- Oh là! Si tu crois que tu vas te tirer comme ça, c'est un peu facile. On doit se marier dans deux mois et tu me plaques comme ça sur un quai de gare? Et je fais quoi de ta robe, de mon smoking, des invitations lancées. Non mais tu es folle ma fille.
-Tu en fais ce que tu veux, des confettis si cela te chante. Ma décision est prise. Il y a plusieurs semaines que j'y pense mais je n'osais pas, j'avais peur. Peur de toi, peur de me retrouvée seule. Et puis tes paroles m'ont fait comprendre que tu avais en fait, tout à fait raison pour une chose: j'étais une cloche et je n'ai plus envie d'en êttre une alors Adieu et lâche-moi!
Au lieu de lui obéir, le garçon lui saisit l'autre bras et fit mine de l'entraîner. Contre lui, elle n'avait aucune chance. Pourtant elle semblait bien décider à lui résister.
-Non! Lâche-moi! Tu me fais mal. Lâche-moi, je ne veux pas!
Autour d'eux les gens s'écartaient, détournaient la tête ostensiblement, feignant ne rien voir. Un peu plus loin, le groupe de légionnaires les regardaient en riant, émettant des commentaires grossiers ou moqueurs sur la fille surtout.
- Et voilà toute la lâcheté humaine mon garçon se joue devant nous. Et c'est une pauvre gosse qui va en faire les frais.
J'avais commencé à me redresser, à m'asseoir moins enfoncé dans le banc. Je jetai un regard à la vieille à côté de moi. Elle saisit mon sac à dos.
_  Vas-y mon gars, montre-leur qu'il y a encore en ce bas monde des hommes qui en sont encore.
C'est vrai que ce spectacle m'avait énervé. C'est vrai que j'étais en train de me lever. Pour m'en mêler? Non! je ne crois pas, même si j'avais pitié de la pauvre fille. C'était vrai, quoi?  Je ne les connaissais ni d'Adam ni d''Êve ces eux là. La réflexion de la vieille avait été entendue et plusieurs personnes me regardaient. Avais-je encore le choix? Ce n'était pas que le petit gars me faisait peur mais plutôt de me mêler d'une histoire qui ne me regardait en rien.
Oh et flûte! Je fus en deux pas sur eux. J'attrapai le gars par le col. Surpris il lâcha la fille.
-Te voilà libre, casse-toi!
L'autre se retourna sur moi le visage révulsé de haine. Non pitié! Pas envie de me battre! La fille disparut, j'ouvris la main, je réalisai alors que j'avais tenu son fiancé presque soulevé du sol. Oups dès fois je ne réalisai pas ma force.
Je fis demi-tour vers mon banc où la petite vieille m'attendait en souriant. La douleur qui me vrilla les reins ne me surprit qu'à moitié. Il y eut des cris derrière moi dans le même temps. La petite vieille se leva, la main devant la bouche, horrifiée. Je lui souris. Elle courut vers moi. Je portai ma main à mon dos, me retournant en entendant un bruit de bagarre et le choc d'un objet metallique contre le sol. Deux légionnaires tenir le gars et un troisième le frapper. Je voulus m'interposer lorsque je vis le couteau rebondir et je percutai. Je ramenai ma main droite couverte de sang. Et merde! Mon train était dans moins d'une heure maintenant...

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Commentaires
M
Connaissant l'auteur, et partageant un peu de sa vie de loin, je me pose la question de savoir si par hasardn cette histoire a été inventée sur le quai de la Gare de Mont de Marsan, où elle était, ou bien s'est réellement passée !<br /> Dans tous les cas, tu me surprendras toujours et encore et en plus le style est très fluide, coulant, bon attention les chevilles hein? :)
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