Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
de mes rêves... à mes ailes...
de mes rêves... à mes ailes...
Publicité
Newsletter
Albums Photos
Derniers commentaires
Archives
3 mars 2021

le couple

Devant moi un couple.

 

Lui, la cinquantaine, des cheveux dont les racines plus claires trahissent la teinture.

Cadre supérieur.

Un blouson de cuir marron mat de belle coupe tout comme ses chaussures, des derby en cuir, mais les traces d'usures sur les deux  montrent qu'ils les met souvent. Peut-être tous les week-end, leur préférant, les autres jours une paire moins chère.

Elle, vingt-cinq, trente ans maximum aussi grande que lui, fausse maigre, droite comme la justice.

Je l'imagine facilement robe noire à cravate blanche plaidant avec éloquence mais sans emphase, au contraire de lui.

Il porte le sac en tissus façon cabas, typique du bobo écolo qui libérera sur le comptoir de la caisse, juste ce qu'il faut pour tenir un week-end.

Un petit sac plastique transparent roule, elle le rattrape juste avant la chute.

- « Oh mon petit poivron ! »

En ce court instant j'ai l'impression d'apercevoir une gamine trop vite montée en graine.

Je souris amusé malgré moi.

Elle me tourne le dos, c'est lui qui y répond.

Elle a dépliée les bras qu'elle tenait jusque là croisés sur la poitrine.

Il tente un rapprochement, sa main se tend vers la sienne mais elle ne le laisse que l'effleurer du bout des doigts, et déjà elle le pousse doucement en le tenant par les bras, pour, derrière lui, aller se poster en fin de banque. Elle a récupéré le cabas et y entasse dans l'ordre d'arrivée : les céréales spéciales fibres aux fruits rouges, yaouths avec zéro pour cent de matière grasse, deux grosses tomates bien rouges et le fameux poivron.

Il sort un petit porte-carte de cuir noir de son blouson. Ce qui me laisse voir une chemise à petits carreaux sous un pull fin marron à col V, dans le col de la chemise ouverte, un foulard de soie crème.

Rien de moderne, très bon chic bon genre, un peu d'un autre temps.

La caissière, la peau aussi noire qu'une tablette de chocolat à 78%, belle à croquer, a un petit sourire.

« paiement refusé monsieur. »

Il tique, regarde autour de lui.

« Oui je l'ai retiré trop vite." 

Il recommence son code mais le caissière se répète.

La jeune femme pince les lèvres et semble agacée.

«  Tu veux que je te paie tes courses. » Un très léger sourire moqueur est apparu.

« Non, non, j'en ai une autre. »

Il rentre la Visa dans l'appareil mais s'adressant à moi :

« Si je me rappelle le code, vu ce que je m'en sers. »

Elle a déjà sorti de son sac à main, un gros portefeuille de cuir . Avait-elle prévu ce qui se passait ?

D'une main elle ressort sa carte et la lui tend, de l'autre, elle introduit la sienne et fait le code d'un geste sec, rapide presque chirurgical.

Plus une parole, plus un geste.

Il baisse la tête en rangeant son porte-carte, on dirait un petit garçon pris en faute.

Il tend la main vers le cabas, elle est plus rapide que lui et s'éloigne. Il la suit.

Pas d'aurevoir pour la caissière.

« Sa sert à quoi d'en avoir deux ? »

Ma question n'attend pas de réponse.

Mais au loin, il lui montre déjà l'étal d'un primeur.

« Sont beaux ces avocats, non ? »

Je m'éloigne à mon tour, mes propres achats payés. Mais j'ai du mal à oublier son regard à la caisse avant de partir, comme s'il cherchait vers moi un secours.

Malgré moi, je le plains.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité