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de mes rêves... à mes ailes...
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1 mars 2000

La tétée

J’ai dix-sept ans.

J’ai mal. Le bébé me fait mal en tétant, ça tire. J’ai pas envie de l’allaiter, pourquoi ne puis-je pas lui donner un biberon? Mon ventre aussi me fait mal.

Elle a trois heures. J’ai accouché seule avec une vieille conne qui passait son temps à me répéter:

_”Aller pousse ma jolie, tu as su le faire rentrer, maintenant il faudra le faire sortir ce bébé.”

Et après m’avoir fait souffrir pour sortir, maintenant c’est pour se nourrir. Elle a de la chance d’être la fille à son père sinon je l’aurais bien donné à adopter. Mais elle lui ressemble déjà, brune aux yeux bleus. J’espère qu’elle va les garder. L’infirmière en me la portant m’a dit que tous les bébés les avaient bleus à la naissance et que c’était vers deux , trois mois qu’ils prenaient leur couleur définitive. 

Dans la chambre nous sommes quatre jeunes mamans, non plutôt nouvellement mamans, mais je suis la seule sans père. Il est dix-huit heures, ils sont tous là d’ailleurs, j’ai l’impression malsaine qu’ils m’observent. Alors avec mes draps je me suis fabriquée une sorte d’abri rien que pour moi et pour ma petite puce.

_”Coucou Cathounette!”

Je suis contente de voir ma tante, je me sens un peu moins seule. Elle la trouve jolie, c’est vrai que l’on dirait une petite miniature. Contrairement aux bébés de mes voisines, elle n’est pas toute rouge et toute fripée. Elle dort sur ma poitrine, on dirait une petite grenouille, elle a ses petits poings fermés bien serrés. L’infirmière revient reprendre les bébés pour les ramener à la pouponnière. Ils nous les rendrons pour la prochaine têtée dans quatre heures.

_”Tatie, je ne pourrais pas avoir une chambre seule ou rentrer à la maison?”

Je ne suis pas rentrée. Deux de mes voisines ont changées.  Je suis toujours la seule sans mari. Tatie m’a apporté mes cours du Cned et des livres. Je n’ai pas le moral, j’ai envie de rien. J’aimerai garder mon bébé tout le temps avec moi. Vivement que je puisse sortir. On toque à la porte, c’est Dan j’en reviens pas. Qu’est-ce qu’il fait là? Je suis heureuse de le voir.

_”Salut poupée. Alors il est où le baigneur?

_”C’est une fille. Comment tu as fait pour me trouver?

_”Tu me manquais et j’en avais marre de Paris. J’ai fait le tour des hôpitaux en donnant ton nom et me voilà. On a l’intention avec les autres de descendre sur la côte vers le soleil, tu viens?” Il s’est assis sur le bord du lit. Les autres nanas le regarde horrifiées, ça me fait sourire. Il vire son blouson, dessous comme d’habitude, il est en débardeur. Je vois leur yeux qui  se fixent sur ses tatouages qui habillent ses biceps ronds. Il m’embrasse. “Emmène ta mouflette avec toi et rejoins-nous, tu me manques trop ma puce.

_”Je ne peux pas, je regrette.”

Décidément c’est la journée, la porte s’ouvre encore, cette fois sur mon père et ma mère. Eux aussi ont l’air horrifiés.

_”Tes vieux?” Je fais oui de la tête. “Bon alors adieu ma belle poupée. Peut-être que l’on se reverra un jour. Et puis au cas si tu veux un père pour ta mioche, tu sais où trouver ma soeur.”

Il jette son blouson sur l’épaule, sa main a du mal à laisser la mienne.

_”C’est qui Catherine?

_”Personne. Un mec génial.

_”Et bien encore un que j'ose espérer que tu ne reverras jamais.”

Elle m’arrive pas à comprendre pourquoi je pleure alors que j’ai un si jolie petite fille quoiqu’elle aurait préféré que lui fasse une petite fille blonde comme moi.

Ln des Landes.

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