Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
de mes rêves... à mes ailes...
de mes rêves... à mes ailes...
Publicité
Newsletter
Albums Photos
Derniers commentaires
Archives
8 novembre 1999

1er mois

Le dimanche midi, les autres élèves commencèrent à arriver, et bientôt le dortoir fut plein. Certains étaient des anciens et se chargèrent de mettre au parfum les nouveaux. Tous dans la pièce avaient quatorze ans comme moi, et tous sauf moi seraient en quatr ième. Aucun ne me crut lorsque je déclarai que j’avais déjà le bac et que je serais en maths sup1.

Le lundi passa très vite. Je reçus mon paquetage, des draps aux chaussures en passant par les slips et chaussettes. Les cours, en commençant par la présentation des profs, débutèrent l’après-midi.

J'étais bien entendu le plus petit et je dus m'asseoir au premier rang à côté d'un dénommé Maxime Dutronc à qui je demandai évidemment s'il était de la famille du chanteur et dont je n'obtins qu'un regard désespéré. J'en conclus donc que non.

Au réfectoire, je ne savais pas avec qui aller puis décidai de rester avec mes camarades de classe qui décidèrent que vu mon âge et ma taille je serai leur boy. Sur le coup, je faillis me rebiffer puis le pris avec humour. Mais le fait d'être celui qui servait me permit d'être aussi celui qui finissait le plat et donc de manger à ma faim. Surtout qu'au niveau du pain puis des desserts, ce n'était pas la même histoire, n'ayant pas le bras assez long pour atteindre la panière les contenant, je n'en avais souvent pas jusqu'au jour où D'Aureillan décida de m'aider mais ce fut qu'au bout d'un bon mois. Et d'ici là, il se passa beaucoup de choses.

Le soir le retour au dortoir fut catastrophique. Ils décidèrent de m'exclurent totalement, aucun ne m'adressa plus la parole, me tournant le dos systématiquement, m'évitant. Le vendredi lors du passage à la douche, je rentrai en dernier et fus accueilli par un « Tussss »2 général que je ne compris pas, alors le caporal Hugo m'attrapant par l'épaule me poussa vers une douche séparée ce qui me valut en plus par la suite, un retour au vestiaire sifflé. Je commençais bien mon année! Et cela recommença chaque vendredi avec quelques variantes plus humiliantes.

Une semaine plus tard, je revenais avec le plat principal de ma table lorsque un élève de mon dortoir largement plus grand que moi fit exprès de me bousculer et je tombai avec le plat, heureusement contenant un de ces gratins tellement dur que je tordais la cuillère de service lors du partage. Il va sans dire que moins pour moi que pour le futur contenu de leur estomac, mes compagnons de tablée se sentirent fortement outragés et décidèrent de venger l'honneur du groupe.

Deux jours plus tard, ils organisèrent une descente sur notre dortoir. Il faut savoir qu'entre minuit et quatre heures, nous n'étions pour ainsi dire pas surveillés puisque les caporaux dormaient tous au rez de chaussé. Mais bon, vu les journées qu'ils nous concoctaient nous aurions du tous dormir d'un sommeil si ce n'était réparateur au moins récupérateur.

Comme les autres dormeurs, je fus réveillé en sursaut et prêt à défendre chèrement ma peau quand D'aureillan et Dutronc me firent comprendre de me recoucher. Et allongé sur le ventre sous mes couvertures la tête protégé par mes bras, j'attendis la fin de la castagne dont je percevais les bruits, quand on se mit à me frapper, d'abord à coups de polochons puis avec ce que j'identifiai comme des ceintures avec pour certaines le bout munis de la boucle. Lorsque la rouste s'arrêta je sanglotai comprenant que trop les raisons de cette violence venant de ceux avec qui je ne m'avait pu m'allier étant entre deux groupes: ceux de mon âge et ceux qui partageaient mes journées.

Je dus, à partir de ce jour-là, me battre régulièrement contre mes colocataires qui avaient décidé que j’étais un barbouze, et qu’il fallait me le faire payer. J’eus droit à tout: du plus gentil, le lit en portefeuille ou en cathédrale, au passage intégral au cirage et plusieurs passage à tabac du plus tendre à coups de polochons aux plus durs à coups de poings, selon s'ils avait eu ou non à se défendre contre des lycéens ou des prépas. Jamais le soir, me sachant capable de me défendre, ils attendaient toujours le matin pour que je sois surpris par le caporal et donc à chaque fois puni, seul ou accompagné, mais toujours puni.

Un matin, réveillé avant eux, je les eus par surprise et je réussis à assommer un de mes tourmenteurs en lui tapant la tête contre le montant du pied de mon lit. Cette fois, la fois de trop, je finis dans le bureau du directeur que je n’avais pas revu depuis cinq semaines. Il faut dire aussi que l’autre avait été descendu à l’infirmerie par le caporal le portant dans ses bras, encore inconscient, le front en sang.

 

 

 

2Cri qui signifie qu'un étranger arrive.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité