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de mes rêves... à mes ailes...
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10 février 1998

À l'Élyzée

_ »Allo! Véro? Qu'est-ce qui se passe?

_ »Tu es sur Paris?

_ »Oui même plus exactement devant la porte du cabinet du ministre de la Défense.

_ »Waouh rien que ça! Mais bon honnêtement je m'en tamponne. Donc vu que tu es sur Paris, ce soir à seize heures trente tapantes tu es devant l'école pour récupérer tes garçons.

_ »Quoi? Mais tu es folle? C'est strictement impossible!

_ »Bah ils poireauteront donc tous seuls dans le vent et la pluie jusqu'à ton arrivée.

_ »Mais je ne peux pas, tu ne peux pas comprendre ça? Je suis ici pour le boulot. Après je retourne sur Taverny et seulement après sur Reims. Je ne peux pas me coltiner tes gosses avec moi.

_ »Démerde-toi! Moi ce soir je décolle aussi mais pas avec eux. Sinon je les pose chez Mamie et Papy mais les pauvres, vu leur âge, c'est très dur pour eux, tu n'aimes donc ni tes gosses, ni tes grand parents! »

Il y avait des jours où j'aurais bien tué Véro et ses rejetons. Finalement je capitulai une fois de plus. Je me débrouillerai bien.

À Taverny, ceux que à qui j'exposai mon soucis « paternel » se moquèrent de moi mais on me fit comprendre qu'en étant discret, les trois mioches pourraient voyager avec moi ce soir. Donc je rappelai en vitesse Véro pour lui dire que je les récupèrerai à midi et non à seize heures.

L'entrevue avec le ministre ou du moins son secrétaire fut rapide ce à quoi je m'attendais, et il prit rendez-vous avec nous pour cet après-midi à l'Élyzée. Pfff rien que ça et j'aurais en plus mes trois colis. Je plantai mes collègues et à midi cinq précise je me présentai à l'entrée de l'école maternelle où je devais récupérer Geoffrey. Il va sans dire avec ma capote d'hiver, mes gants blancs et ma casquette, je ne passai pas inaperçu.

_ « Bonjour, excusez-moi, je cherche la classe des petits, je viens chercher mon fils.

La jeune femme me regarda d'un oeil suspicieux.

_ « C'est qui votre fils?

_ « Geoffrey Granier! »

Elle fit un pas en arrière et fit « Oh ».

_ « Suzanne, ce monsieur vient chercher le fils de Véronique, il dit être son père.

_ « Oh flûte j'ai oublié! Je l'ai envoyé à la cantine. Écoutez je sais qu'elle vous attend chez les grands, allez-y, je vous emmène Geoffrey.

_ « Ah! Ok merci! Mesdames! »

Je faillis me perdre en allant à l'entrée de l'école primaire car si les écoles communiquaient par l'intérieur, par l'extérieur, il fallait carrément faire le tour d'un pâté de maisons.

Véronique m'y attendait déjà, elle avait la tête des mauvais jours.

_ « Toujours à l'heure comme d'habitude!

_ « Oui et bien écoute, je pouvais aussi ne pas venir! »   Derrière elle un groupe de femmes me détaillèrent de la tête aux pieds.  Je ne fis même pas un geste vers Véronique pour l'embrasser, je m'accroupis et les garçons vinrent eux me dire bonjour. « Donne-moi leurs sacs! »

_ « Je n'ai pas eu le temps de leur faire. Tu dois avoir plein de vêtements à eux déjà chez toi.

_ « Bon alors garde leurs cartables, ils voyageront plus léger.

_ « Non, ils ont des devoirs.

_ « Les devoirs, ah oui, bon allez les garçons, on y va! Mais tu aurais pu les sapper mieux!

_ « Pourquoi, ils sont très bien comme ça. »

Je haussai les épaules et secouai la tête. Décidément, elle ne fera jamais rien pour m'aider celle-là!

_ « J'ai faim!

_ « Ils n'ont pas mangé?

_ « Bien sûr que non!

_ « Bon ok j'ai compris. »

Tout d'abord quitter cette banlieue de Paris que je n'aimais pas. Dans le RER, je dus porter Geoffrey qui se faisait bousculer.Et j'étais content d'être en manteau long cachant ma tenue SOC, j'avais planqué ma casquette dans le cartable de Jérémy. Déjà à l'allée un groupe d'ados m'avait chahuté et fort heureusement des flics étaient montés et les jeunes voyous étaient vite descendus. Là en plus j'avais la responsabilité des trois gosses. Je sentais le regards des gens qui devaient se poser des questions sur nous: moi en grand uniforme et eux en survêtements troués et baskets boueuses.

Sur les Champs j'avisai une boutique de vêtements pour enfants et y fit rentrer les trois garçons.

_ »Bonjour mesdames! »

Je vis aux regards que les vendeuses posèrent sur les trois gamins qu'elles partageaient la même opinion que moi sur leur tenues vestimentaires.

Je posai Geoffrey debout sur une chaise mais je dus vite le reprendre au bras voyant le coin de ses lèvres s'abaissaient.

_ « Non, pitié ne pleure pas! »

Il faisait une chaleur ignoble dans la boutique et le contraste avec dehors était terrible. Je posai ma casquette sur la tête de Geoffrey qui m'offrit un sourire ravi. Puis le gamin toujours dans les bras,  tout en ouvrant mon manteau, je saisis un pantalon en flanelle grise, une chemise blanche, un petit pull gris à col V, des chaussettes  montantes assorties et une paire de derbys et je les donnai à une des vendeuses qui m'avait suivi dès mon entrée. « Voilà trouvez-moi cette tenue dans la taille de chacun de ces animaux s'il vous plaît!

_ « Vous connaissez leurs tailles?

_ « Moi? Heu, non! Ils ont dix, sept et trois ans si ça correspond à l'âge?

_ « Bon nous allons nous débrouiller. »

Elle saisit la main des deux grands. Geoffrey lui avait décidé qu'il ne voulait pas que je le pose. Je crevai de chaud, j'enlevai ma capote et la posai sur ma casquette sur un des fauteuils de la boutique. Je décidai d'aider les vendeuses en m'occupant du plus jeune. Bientôt les trois vendeuses furent entièrement à notre service.

_"Ce sont vos enfants?"

Je grognai une réponse que chacun et chacune put interpréter comme il voulait. Jérôme fut vite prêt, par contre Jérémy refusai d'enlever son pantalon de jogging. Je l'attrapai par le bras et sans douceur le jetai dans la cabine d'essayage et fermai le rideau.

_ « Voilà, maintenant dépêche-toi si tu veux qu'on ait aussi le temps d'aller manger car moi j'ai rendez-vous à quatorze heures et l'heure tourne. »

Je regardai s'il m'avait obéit tout en enfilant à Geoffrey un tee-shirt blanc pour remplacer le rouge vif  qu'il portait précédemment. Jérémy n'avait pas bougé.

_ « Tu attends quoi?

_ « Je n'ai rien en dessous! »

Je me mis à rire, maudissant sa mère. Je demandai à une des jeunes femmes de lui trouver des sous vêtements à sa taille. Geoffrey quant à lui, me suivait pieds nus, chemise ouverte, me tenant le pantalon et jetant des regards noirs aux vendeuses qui essayaient de s'occupaient de lui.

Finalement, j'eus bientôt devant moi trois petits garçons BCBG en dehors de leur coupe de cheveux qui évoquait plus la période beatnik et tranchaient nette avec leurs tenues tout comme leurs blousons mais bon ils feraient l'affaire, il ne fallait pas pousser aussi. Je payai en essayant de ne pas trop m'arrêter à regarder le montant total qui en temps normal m'aurait fait hurler mais là c'était un cas de force majeur, je n'avais pas le choix!

Une vendeuse pendant ce temps eut la très bonne idée de leur donner un coup de peigne. Je mis toutes les affaires scolaires des deux grands dans le cartable de Jérôme ce qui fit râler Jérémy et mis leurs vieilles tenues dans le sien et pour les baskets j'achetai un sac de sport que je confiai d'abord à Jérémy mais dont je finis par me charger tout comme les cartables d'ailleurs.

Nous eûmes juste le temps de passer prendre un sandwich à chaque gamin et je me présentai à l'Élyzée où le plancton de service me laissa passer de mauvaise grâce. Les collègues déjà là, se moquèrent de moi. J'assis les trois affreux sur un banc et leur ordonnai de ne pas bouger jusqu'à mon retour. Les trois gamins impressionnés se tenaient tous droits et bien collés les uns aux autres immobiles. Ils me faisaient pité mais je n'avais pas le choix. Je les abandonnai donc.

Ce breiffing un peu spécial dura plus longtemps que prévu et ce n'est que quatre heures plus tard que je pus venir les récupérer et là: plus de gamins. Un garde républicain vint vers moi.

_ « Vous cherchez les trois gamins?

_ « Oui; ils n'ont pas fait de bêtises j'espère.

_ « Non ils ont juste été adoptés. »

Je craignais le pire. Je le suivis et nous nous enfonçâmes dans les quartiers privés de l'Élyzée et lorsqu'il me fit signe d'entrer, je n'en crus pas mes yeux. Mes trois loustics étaient assis bien sagement sur un canapé en compagnie de la première dame de France. Cette fois c'était à mon tour d'être dans mes petits souliers surtout lorsque le président que je venais de quitter quelques minutes auparavant pénétra derrière moi dans la pièce.

On me fit compliment pour la tenue de mes neveux (bin oui pour Jérémy et les autres je n'étais encore qu'officiellement leur oncle!) qui avaient été nourris et avaient sagement visionné un film de Walt Disney.

Bref de sacrés souvenirs à raconter à leurs copains et à leurs cousins. Ce que je leur répétai plusieurs fois dans le RER en allant à Taverny. Là-bas, ils me suivirent partout, à la queue leu leu, Geoffrey me tenant le pantalon, Jérôme lui donnant la main et Jérémy qui suivait derrière. J'avais pas l'air ridicule du tout mais bon... Claude lui les trouva: charmants et Jérémy lui rappelant un autre gamin quinze ans plus tôt!

Enfin vers vingt heures nous reprîmes le RER  pour Reims. Lorsque enfin j'arrivai à la maison, Geoffrey dormait dans mes bras, Jérôme pleurait complètement crevé et Jérémy râlait qu'il avait mal aux pieds.

Quant à moi, le lendemain je partais de l'autre côté du monde avec quinze heures de vol en prévision, en laissant cinq gamins sous la seule surveillance de Heidi. L'Angoisse!

Heureusement, le lendemain aussi commençait les vacances de février et Roberta eut la bonne idée de venir lui donner un coup de main.

Ln des Landes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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