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de mes rêves... à mes ailes...
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17 avril 2000

Marie-Agnès

Le matin c'était un robot pas toujours bien huilé qui râlait après le pauvre réveil obéissant. Comme disait Yvi faut être un malade pour se lever tous les jours à six heures pour en plus aller perdre son temps à courir comme un con tout seul pendant une heure. En fait je ne perdais pas mon temps, j'avais mon bon copain Waldo mon walkman sur les oreilles qui me débitait en boucle des cours de langues. Ainsi j'assouvissais mes deux péchés mignons, la recherche de l'adrénaline et ma soif d'apprendre.

Ce matin en plus de faire froid, il y avait du brouillard. Bon c'est pire quand il pleut, alors arrêtons de nous plaindre.

La plus part de temps mes petites foulées me faisaient traverser le parc de la fontaine des fées. Et ce matin là, en passant devant un banc, je remarquai sans m'y attarder, une jeune fille un peu enrobée en jupe courte et tee-shirt rose. Sur le moment je me dis qu'elle n'était pas frileuse. Puis mon cerveau analysant les données indépendamment de moi, me fit remarquer qu'elle avait un mouchoir à la main et semblait être blessée au visage. J'étais pratiquement sorti du parc que je décidai de faire demi-tour. Cela allait me mettre en retard sur mon horaire mais je savais aussi que je me torturerai toute la journée à me demander si j'aurais pu l'aider. Mon côté boy scout.

Effectivement, un début de coquart commençait à colorer sa joue droite.

_  « Salut! Je peux t'aider? »

Elle leva vers moi des yeux noisettes étonnés.

_  « Non je ne crois pas vous êtes gentil.

_  «  On ne sait jamais, qui vous a fait ça? »

Lui demandai-je en lui montrant son visage?

_  « Mon petit copain! Enfin mon fiancé.

_  « Et bien si j'étais toi, je lui dirais bye bye vite fait. »

Elle frissonna et je remarquais ses lèvres bleues.  J'ôtais mon sweat et le lui tendis.

_  « Bon tiens enfile ça et viens je t'emmène boire un café. Ok? » Elle regarda d'abord le vêtement que je lui tendais d'un air horrifié, bon c'est vrai que j'avais transpiré dedans mais vu le froid,  il n'était pas comme d'autres fois, trempé de sueur. « Désolé je n'ai que ça à te proposer mais au moins tu n'auras plus froid et il est propre de ce matin. »

Je vis son regard me détailler de la tête aux pieds ( j'étais accroupi en face d'elle.) et se demander ce qu'un mec comme moi pouvait bien avoir envie de m'occuper ou d'être gentil avec une fille comme elle car sans vouloir être méchant, en temps normal je ne lui aurais même pas adressé un regard. Elle était comme on dit entre nous, non pas un cageot mais presque. D'ailleurs je me trouvais débile à l'instant même d'être revenu sur mes pas mais maintenant que j'avais commencé je devais finir.

Elle s'était levé et au chaud dans mon pull, elle me suivit. En short et tee-shirt je n'avais sur moi que ma pièce d'identité  et un billet de cinquante francs.

Le proprio du café fit une drôle de tête en nous voyant entrer.

_  « Et petit gars, ta mère ne t'a pas apris qu'il ne fallait pas taper sur les jolies filles?

_  « Ah bon, sur les laides on peut? Deux cafés crèmes, s'il vous plait. Oups, je t'ai pas demandé si c'était ce que tu voulais? » J'avisais un panier avec des viennoiseries. « Un croissant? Moi j'en prendrais bien deux ou trois. »  Elle afficha alors un grand sourire qui me la rendit de suite plus agréable. « On se met au fond, loin des courant d'air ok? Nous y serons plus tranquilles. »

Le café chaud me réchauffa un peu mais les croissants ne me calèrent pas

Elle avait vingt-quatre ans, je lui en aurais donné vingt au max. Depuis dix mois elle était caissière dans un des grands magasins de la périphérie de Dijon. Ils avaient prévu de se marier en début d'année et ils habitaient ensemble depuis trois mois, du moins il habitait chez elle depuis trois mois..

_ « Voilà, tu sais tout ce qu'il y a à savoir sur moi. Ah oui, je m'appelle Marie-Agnès et je ne suis pas de Dijon mais de Chalons.

_  « Et bien encore une fois, fous le dehors et cherche-en un autre ou reste seule, tu n'y perdras pas au change.

_  « Un comme toi?

_  « Oui mais libre, si, si, je t'assure je ne suis pas un spécimen unique.  Ouch, il est sept heures et demi, je vais me faire lyncher. Désolé, faut que je passe un coup de fil. » Au comptoir, le gars me sortit un téléphone de dessous la banque. « Allo, Papa? Ouais c'est moi, bon j'ai un service à te demander. Oui tu vas venir me chercher. Pour une fois tu seras mon chauffeur. Prends mon uniforme et mon portefeuille sur mon bureau. Mais oui je vais bien, j'ai juste jou le boy scout auprès d'une jeune fille en détresse. Voyons tu me connais: en tout bien, tout honneur! » Après lui avoir indiqué où j'étais, je retournai auprès de Marie-Agnès. « Bon ça ira pour rentrer chez toi ou tu veux qu'on te dépose avec mon père?

_  « Tu habites encore chez tes parents? Tu m'as dit que tu n'étais pas libre.

_  « Bin oui, fiancé comme toi, mais moi, ma blonde ne me tape pas dessus. Bon elle vit aussi trop loin de moi pour l'instant. Tiens je t'écris là mon numéro de téléphone mais ce soir je ne rentre pas, je serai de garde.

_  «Tu es médecin?

_  « Non, militaire. Tiens, j'y pense vas voir un toubib pour qu'il te fasse un certificat et vas porter plainte. Ou au moins une main courante qu'il n'ai pas envie de recommencer. »

Je vis le combi se garer devant le café et abandonnai Marie-Agnès avec le reste de mes cinquante francs.

Je pris le volant et racontai toute l'histoire à Richard qui se moqua de moi en me demandant si je réalisai que la fille devait déjà être amoureuse de moi. Ouais bin la prochaine fois je ne m'arrêterai pas et fis la gueule jusqu'à notre arrivée à la base!

 

Contrairement au pronostic de Richard, le téléphone ne sonna pas dès mon retour mais une semaine plus tard vers vingt heures, Gisou vint me chercher dans ma chambre avec un sourire jusqu'aux oreilles, me demandant si j'étais bien un jeune militaire brun, athlétique, aux beaux yeux bleus et ayant prêté un sweat à une jeune fille dans la rue? Pouvait rire, tiens!

_ « Salut! On dirait que j'ai omis de te dire mon nom.

_ « Bah lorsque j'ai eu fini de te décrire, ta mère m'a dit qu'elle pensait avec ça en stock. Mais c'est vrai qu'un prénom ce serait plus court.

_  « Robert, même pour les intimes, j'ai horreur des diminutifs et surnoms.

_ « Bah moi ça me va. Je voulais te rendre ton pull, on peut se voir?

_  « Oui bien sûr, ce soir?

_  « Bah, non! Là, je suis au travail, je finis à vingt deux heures. Demain, je bosse aussi mais je finis à dix-huit heures.

_  « Ok je passerai te prendre alors.

_  « Bah, j'ai ma voiture, mais oui pourquoi pas. À demain! »

Le militaire athlétique aux beaux yeux bleus s'enferma toute la soirée devant son ordi pour ne pas avoir à supporter les moqueries des autres membres de la famille. Mais dut subir celles de Gisou lorsqu'elle vint me souhaiter une bonne nuit vers vingt-trois heures.

_  « Elle est mignonne au moins?

_  « Non même pas. Mais flûte fichez moi la paix avec elle, Je n'ai aucune vue sur elle et je suis déjà casé.

_  « Ah bon? Depuis quand? Tu nous avez caché ça. »

J'étais déjà au pieu avec un bouquin et je dus me battre contre elle et ses tortures chatouilleuses pour me faire avouer le prénom de ma dulcinée. Je lui en dis plusieurs avec au milieu celui de Clémentine.

 

Je revis plusieurs fois Marie-Agnès, qui avait mit dehors son brutal petit copain, en fait il était parti tout seul. Elle avait un deug de philo, abandonné pour lui. Je pris pour habitude l'inviter lorsque j'allais en danser avec les collègues. Elle n'était pas jolie mais d'après certains avait un certain charme. Bin alors je ne devais pas y être sensible. Par contre l'Oiseau oui et même si il me tapait vite sur les nerfs avec ses bons mots débiles et les surnoms oiseux qu'il donnait à tout le monde, c'est un chouette mec et je fus très content de les voir ensemble, mais bon cela ne dura pas et je n'entendis plus parler d'elle.

 

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