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de mes rêves... à mes ailes...
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13 février 2000

À la chasse bordel!

Début septembre, je me présentai à Dijon. Où je devais faire mes classes de spécialisation, Dijon faisant office d'école de pilotage pour les futurs pilotes de chasse. Contrairement à Salon, je dus y aller seul. J'étais encore une fois atrocement anxieux. J'avais eu Richard au téléphone qui m'avait un rassuré en me donnant quelques conseils mais je me sentais tout de même dans mes petits souliers. J'arrivai à la base en tenue SOC1.

 

Déjà à l'entrée, le cocoy2 qui me renseigna pour m'indiquer le bureau du pacha, sourit en me voyant. Tu parles un sous-bite sur son trente et un, est obligatoire un Zu3 qui débarque. Je toquai donc à la porte du Général Nagrier.

Je suis reçu par ce dernier qui me confia à un vieux pilote qui eut pour charge de me tester. J'avais confiance. Sur le tarmak il m'emmena devant un superbe Mirage IV. Pour rendre l'exercice plus difficile il me banda les yeux et je m'apprêtai à me hisser en haut lorsqu'un homme arriva et appella mon lieutenant colonel pour lui faire signer je ne sais quoi. Il me tira en arrière, que je n'aille pas me casser la gueule en grimpant seul. J'attendis donc patiemment, mais je trouvai le temps long. Non  loin de là, les moteurs d'un C130 au démarrage me cachèrent tous les autres bruits. Enfin il revint et m'aida à m'installer à bord. Commença le feu des questions et je m'empressai d'indiquer l'emplacement de tout ce qu'il me demandait. Mais ses réactions me firent de plus en plus douter de moi. D'un geste brusque, énervé, furieux, il m'arracha le bandeau et me gueulant dessus me demanda si je me foutais de lui en lui montrant n'importe quoi. Je n'en crus pas mes yeux, je n'avais pas devant les yeux un tableau le bord d'un Mirage mais d'un Mystère 20, pourtant j'étais sûr...

Il va sans dire que je n'en menai pas large lorsque nous retournâmes vers le bureau du Général qui m'accueillit assez mal, parlant de me renvoyer à Salon avec ses compliments. Lorsqu'enfin je me retrouvai seul dans le couloir, je me dirigeai vers la cabine téléphonique qui je vis à son bout. J'appelai Richard qui m'engueula à son tour. Lorsque je raccrochai j'étais à deux doigts de me dire qu'il me restait plus qu'une solution honorable: me faire harakiri!

Quand deux jeunes lieutenant me tenant par les bras m'entraînèrent à l'intérieur du mess officier où je fus accueillis par des applaudissements. Donc je ne m'étais pas totalement trompé, ils avaient juste remplacé le premier avion par le second en le faisant rouler silencieusement. Mais je restai bouche bée en voyant celui qui s'avançait vers moi. Je le saluai respectueusement partagé entre une forte envie de rire et une immense fierté. Voilà pourquoi Richard avait refusé de me dire le lieu de son affectation. Mais bien sûr! Quel bourin4 j'étais! Pourquoi n'avais-je pas percuter: Nagrier pour Granier, évident pourtant! À côté de lui le faux général affichait des galons de juteux-chef5. On me le présenta comme le chef des mécanos avions, et selon le nom que je pus lire sur sa poitrine c'était aussi apparemment le père de Clémentine. Malheureusement cette enflure de L'Oiseau avait aussi largement appris aux autres le surnom qu'il m'avait donné à l'école qui me resta presque durant toute ma carrière! Et Richard ne fut pas le dernier à se ficher de moi.

Ce dernier me demanda lorsque nous arrivâmes à être seuls, tous les deux trente secondes, si j’étais d’accord pour venir à la maison le soir même. J’acceptai volontiers.

Je devins son chauffeur officiel. Il enlevait le haut de l’uniforme pour enfiler un polo. puis prenait le volant pour me laisser faire de même. Un fois dans le véhicule, je lui donnais du “papa” gros comme le bras et il semblait content. Et moi mon moral se remit au beau fixe. Lors de ces trajets, je lui faisais écouter ma musique de jeune qu’il finit par apprécier aussi.

Mais ce premier soir ce fut lui qui conduisit et c'est dans un état minable vers vingt et une heures que je revis Gisou et les filles. Déjà que je n'avais pas l'habitude des boissons alcoolisées mais là après avoir du faire le tour de tous les services mécaniques pour me présenter et où à chaque fois selon la tradition de la chasse (où il n'y a que des hommes des vrais!) je dus vider mon verre (qu'ils remplissaient ras la gueule) d'un seul trait sous menace de me le faire reremplir aussi sec, en criant à chaque fois: « À la chasse bordel! », je fus pris en main par mes futurs collègues eux-même qui fêtaient une légion d'honneur et un brevet de chef de patrouille. Et c'est, de couché sur la banquette de mon combi incapable de faire un pas seul que Gisou et Yvi aidèrent Richard à me ramener à leur appartement où ils m'allongèrent quasi inconscient sur le canapé du salon que je manquai de baptiser. Plus tard Richard m'avoua que si à moi Gisou ne fit aucun reproches, lui par contre passa une très mauvaise nuit!

 

1Grand uniforme.

 

2Commando de l'Air.

 

3Un nouveau.

 

4Crétin qui ne sert pas de son cerveau.

 

5Adjudant-chef

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