Cambrai 86

Je me présentai donc le vendredi 3 janvier 1986 au matin à mon nouveau commandant: grand, blond, petite moustache et surtout très énervé.

_ "Ah oui bonjour! C'est pourquoi? Le nouveau pilote? Oui très bien. Martine, alors vous avez eu Brest?

_ "Non, mon commandant!

_ "Ces pingouins¹, Un vrai BMC² leur état-major! Continuez il faut absolument que je lui parle de son cowboy. Vous êtes encore là, vous? Disparaissez! "

Je m'attendais à une mise en boîte quelconque mais pas à me faire virer ainsi. J'allai ouvrir la porte, lorsqu'elle s'ouvrit avec fracas sur trois pilotes: dont l'un deux affichait les macarons de la navale.

_ "Vous n'avez pas le droit de le mettre aux arrêts! Je rentre comment moi sans navigateur? Donnez m'en un autre alors pour le remplacer. " Les deux autres gars avaient rapidement disparus non sans avant m'avoir fait signe de me casser et j'allai suivre leur conseil lorsque la main du naval se posa sur mon épaule. "Lui par exemple?

_ "Non je veux avoir votre commandant d'abord. Vous êtes complice avec lui pour avoir accepté de voler avec lui dans cet état, je devrais vous coffre aussi. Lui? Il vient juste d'arrivé, et il a aussi peu d'heures de vol que de poil au menton. 

_ "Je ne lui demande pas de piloter juste de m'assister. Je l'ai bien prouver à l'aller que je savais m'en passer. Alors qu'il soit nul, je m'en fous."

Eh! Je n'étais pas un faisan!^{! !}        Bon un an et un peu plus que je n'avais pas branler mais j'étais sûr que c'était comme le vélo, une fois le manche en main tout vous revient. Mais avant que j'ai eu le temps de réagir, le commanche⁴ avait dit oui et l'autre me serrait la main.

_ "Lieutenant de Vaisseau Durandal.

_ "Lieutenant Robert Weisembacher.

_ "Bon on s'arrache, je devrai déjà être rentré à Brest depuis trois heures."

Et avec une efficacité qui ne me mit même pas la puce à l'oreille, il me trouva toute la tenue de vol qui me fallait et nous décollâmes pour Brest sur un mirage IV.  Mon premier vol depuis octobre 1984. Il n'y avait pas d'homme plus heureux que moi. Et moi qui craignait mettre un certain temps avant de pouvoir me brêler à nouveau. Je fus un navigateur hors pair. Mais là-bas de mauvaises surprises m'attendaient. D'abord je fus mis au arrêts: en réaction à la mise aux arrêts de l'autre pilote à Cambrai. Puis alors que je réclamai à corps et à cris à pouvoir parler au pacha, non seulement on m'en fit sortir mais ils m'éjectèrent de la base navale de Brest..

Je me retrouvai donc en rase campagne à faire du stop et oh miracle un jeune couple s'arrêta presque immédiatement sur cette route qui pourtant ne semblait pas très fréquentée. Ils me déposèrent en centre ville. De là je me rendis à pied à l'adresse de Rémy et Sylvie qui n'en crut pas ses yeux en me voyant. Il était déjà seize heures et je n'avais rien avalé depuis la veille, je pris donc le temps de me restaurer avant d'appeler Cambrai.

_ "Mais bougre d'imbécile, vous êtes où?

_ "À Brest chez mon oncle.

_ "Vous avez de la famille là-bas?

_ "Oui pourquoi?

_ "Pour rien! Donnez moi son adresse. "

Je m'exécutai. Moins d'une demi-heure plus tard le faux pilote de la navale venait me chercher. J'avais été porté disparu, le jeune couple n'était pas prévu sur leur plan et ne me trouvant plus ils avaient commencé à paniquer. Hum, je fus pas mécontent d'apprendre ça mais je n'en dis rien. Je fis le vol de retour aus commandes du même mirage IV. Par contre je dus récupérer mon insige au fond d'un baquet plein d'un liquide huileux poisseux où je dus m'introduire complètement.

Et ici mon surnom devint "Barer" en mémoire de cette mémorable journée mais aussi à cause de ma manière de prononcé mon nom. Bon certains ajouteront que ce surnom est un clin d'oeil à mon caractère (en ajoutant mal devant.) mais bon là, je ne comprends pas du tout du tout!

1marin

2Bordel militaire de campagne.

3Mauvais pilote.

4commandant