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de mes rêves... à mes ailes...
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26 juillet 1998

Le Jary

Le Jary

 

Dans le petit port privé tout le monde dormait lorsque l'étrange engin apparut au-dessus de l'eau, silencieux et mystérieux.

Le gardien se demanda longtemps si ses yeux lui jouaient des tours ou si ses visions étaient réelles. Puis le chien se mit à pleurer, à geindre comme un jeune chiot après sa mère tout en tirant sur sa laisse en direction de l'objet.

Bientôt nombre de propriétaires des diverses bateaux et hydravions à quai se dirigèrent vers lui aussi.

L'un d'eux plus courageux tenta de le toucher lors de sa période visible et il disparut pour réapparaître dès que l'homme se fut reculé. Ainsi plusieurs fois il disparut évitant tout contact. Au loin se firent entendre des sirènes et apparurent des hélicoptères kakis.

 

 

- Rends-le solide une fois pour toute.

- Il ne veut pas.

- Ce n'est pas toi qui décide ?

- Si... normalement mais là, il ne veut pas, il sent des micro-organismes dans l'eau et ne veut pas les tuer.

- Est-ce qu'il sait qu'il m'énerve ?

- Oui et cela l'amuse.

Dans ma tête, le Jary se moque de l'homme, je ne peux m'empêcher de sourire, ce que Krakz prend très mal.

- Décollons et allons là où nous pourrons rester solide, j'ai toujours du mal à passer sans arrêt d'une dimension à l'autre.

Quelques secondes plus tard, posé entre deux autres engins volants, le Jary se met en sommeil.

Je suis dorénavant seul maître à bord. A l'extérieur nous pouvions les voir s'agiter. Je comprenais leur inquiétude mais Krakz voulait d'abord manger, le voyage lui avait ouvert l'appétit. Je l'abandonnai bien vite ne supportant pas de le voir se nourrir et décidai de passer outre ses ordres et de sortir. Je venais de la planète Tendia couverte à 80 % d'eau et cette étendue à portée de main, m'attirait, juste y piquer une tête puis rentrer. En cas de danger le Jary saurait me récupérer.

Mon entrée dans le sas le réveilla.

- Tu sors dans cette tenue ? Dehors ils portent tous des vêtements.

- Oui tu as sûrement raison. J'enfilai rapidement une combinaison calsynienne en rouspétant. S'habiller alors qu'il fait 24 calgos dehors.

- Tu dois respecter les peuples que tu visites.

Avant d'ouvrir le sas le Jary m'enveloppa d'une chaude onde de tendresse.

J'avais trois ou quatre enjambées à faire avant de pouvoir pénétrer le liquide maternel. Les autochtones s'écartèrent pour me laisser passer.

Je fus surpris de ne pas ressentir comme agréable le contact frais du liquide. Moins salé que celui de Calary où nous venions de passer une ternie, il n'était pas dépourvu tout de même de portant. J'en avalais quelques gorgées avant d'y pénétrer totalement. Déconnectant mes poumons, je me mis à respirer avec mes branchies. J'avais retrouvé mon élèment. Le Jary m'avertit d'autres présences autochtones sous l'eau. J'essayai de les contacter mais elles me fuirent. Jary me rappela très vite, les choses changeaient autour de lui. Ils faisaient décoller tous les autres engins et l'entouraient d'armes de destruction.

A peine sorti de l'eau je me dirigeai vers un des véhicules le plus proche. Fait dans une matière à peu près connue dans tout l'univers, il dégageait un aura ridicule de fragilité. Croyaient-ils réellement nous faire peur avec ? Un humain debout à son sommet parlait dans un micro. Il parut surpris lorsque je m'adressai à lui dans sa langue. Mais il croyait quoi ? Que nous allions venir, débarquer sur leur petite planète sans les étudier un temps soit peu.

- Pourriez-vous dire à vos dirigeants que vos véhicules stressent mon ami ?

- Votre ami ?

- Oui. Je réalisai alors qu'il ne pouvait comprendre de quoi je parlais. Mon propre véhicule !

Même si ce mot me semble mal approprié pour le désigner.

J'entendis l'homme parler, chuchoter derrière sa main. Je décidai de sonder son esprit. Ce que j'y vis me fit faire un pas en arrière, tant de violence. Je n'étais pas un tendre et mon éducation n'en fut pas exempte non plus pour faire de moi l'homme que j'étais devenu. Mais seul mon corps l'avait subie pas mon âme. Je sentis le Jary fluctuer, troublé lui aussi et je sentis sa présence invisible autour de moi.

- Tu ne risques rien, je suis là !

Aussitôt la voix de Krakz se fit entendre.

- Content de toi ? Dis au Jary de me protéger, je viens te rejoindre.

- Pas besoin il connait son boulot. Krakz bougonna lorsque le Jary farceur l'entoura d'une bulle de fraîcheur alors qu'il sortait.

- Dis-lui d'arrêter.

- Fais-le toi-même !

- Je ne parle pas à une machine.

- Ce n'en est plus une et tu le vexes alors ne te plains plus à moi.

Krakz frissonnant s'avança vers moi en tentant mentalement de s'excuser. Petit à petit l'air autour de lui se réchauffa. Rien ne semblait rapprocher ces deux êtres. Pourtant Le Jary l'avait choisi tout comme moi, il y a quelques ternies mais ce choix restait toujours une énigme pour moi.

- Je vous aime tous les deux.

- Moi je veux bien, mais lui ? Il n'y a pas des jours où il ne me dégoûte. Enfin c'est ton choix, pas le mien.

Le Hummer puisque el était le nom qu'ils donnaient à ces engins recula et un véhicule plus léger et non armé vint prendre sa place. Un humain en descendit et se dirigea vers nous.

- Il sent la peur comme tous les autres. Son sang doit être épicé. Je vis briller dans les yeux de Kraks une lueur rouge que je n'aimais pas. Pourtant il venait de manger. Allons Rogur ne me regarde pas comme ça, je ne les toucherai pas tu le sais bien et puis je n'ai plus faim.

- Messieurs je suis chargé de vous souhaiter la bienvenue au nom de tous les terriens. L'homme, petit, le visage rond et afable affichait un grand sourire et se tenait devant les mains tendues paumes ouvertes vers nous.

Kraks s'avança alors et tendit les siennes dans un même geste, je l'imitai. Cela nous parut bizarre mais rompus à ce genre de surprise nous nous y arrêtions plus. Je décidai de rompre le silence.

- Je vous remercie pour votre accueil. Nous avons choisi votre pays justement pour son sens de l'accueil. Mais nous regrettons que votre planète soit autant divisée. Voilà le mot était dit. Nous espérons pouvoir vous aide à y faire régner un peu plus de paix et d'entente.

Je sentis le sentiment d'hostilité qui traversa son esprit puis celui mitigé d'espoir et de peur mais moins forte que la précédente.

- Nous ne sommes pas armés et notre Jary non plus mais vos armes n'auront aucun effet sur nous.

Krakz se dirigea vers le hummer et y posa la main dessus. L'énorme engin bleuit puis disparut laissant tomber comme des fruits trop mûrs, cinq hommes surpris qui eurent tôt fait de se redresser. Le hummer réapparut quelques mètres plus loin, intact mais telle une coquille vide. Dans ma tête apparurent alors les plans exacts de l'engin. Si froid dans son absence de vie, si primitif. Je posai ma main sur le bras du petit homme qui sursauta tout d'abord et dont le contact me donna tout à coup la nausée. Son esprit torturé me surprit par sa simplicité et en même temps par sa candeur. L'esprit du soldat m'avait paru plus complexe. Enfin si tous les dirigeants étaient à son image cela me simplifierait les choses. Il ne semblait tendre qu'à une chose : le pouvoir, l'obéissance et la reconnaissance de sa personne. Je venais de le combler.

Sans un mot supplémentaire nous retournâmes à l'intérieur. Ce contact m'avait appris beaucoup de choses et nous leur avions donner matière à réflexion. Maintenant nous devions aller plus loin dans tous les sens du terme.

 

 

 

- As-tu senti que je me développais ?

Les yeux fermés, flottant semi-conscient dans ma bulle de repos, je perçus doublement la question du Jary. Il ou elle, était comme moi autant féminin que masculin, je ressentais son désir au plus profond de mon être. J'en fus un peu jaloux. Je ne lui avais pas suffit et Krakz non plus. Mais cette fois c'était différent, je n'avais jamais ressenti cela, un mélange de bien être et de tension, une chaleur plus intense qui m'envahit lentement partant du creux de mes reins. J'ouvris les yeux effrayé et tentai de retenir à quelque chose mais le Jary ne semblait pas d'accord pour me lâcher, comme un poisson dans une nasse j'essayai de m'échapper mais dus y renoncer et accepter ce double plaisir fulgurant qui me déchira et me laissa pantelant et presque inconscient.

- Rogur ? Je fermai momentanément mon esprit au Jary. T'ai-je blessé ? Physiquement, non, je ne pensais pas. Moralement oui ! Il venait de me violer, et ne semblait pas en avoir conscience. Je savais qu'en tant que pilote d'un Jary je ferai de plus en plus corps avec lui et le notre entrait seulement dans son adolescence. Je pris alors conscience que partager ce genre de chose avec lui n'allait pas trop me plaire.

- Je ne veux plus que tu recommences !

 

 

De retrouver Krakz me fit du bien. Il semblait nerveux lui aussi. Le Jary se serait-il amusé avec lui aussi ? Est-ce pour cela que j'avais nettement ressenti une double jouissance ? Le Jary semblait s'être mis en repos. Peut-être boudait-il ? Mais un Jary était-il capable de bouderie ? Je n'avais jamais entendu parler de ce genre de chose.

Nous avions rejoint l'orbite terrestre pour leur laisser le temps de digérer notre arrivée. Le Jary branché sur leur système de communication captait et analysait les données. Certains pays nous étaient franchement hostiles, d'autres beaucoup moins mais aucun n'envisageait une possible unification de leur planète. Tous ne voyaient en nous que des colonisateurs, des envahisseurs. Mais aucuns n'osèrent ouvrir carrément les hostilités et j'en fus heureux cela présageait pour nous un travail plus simple et peut-être pas plus rapide surtout si en plus le Jary se mettait à faire des siennes.

- Rogur pourquoi le Jary a-t-il changer de dimensions cent fois tout à l'heure, tu sais que cela m'incommode.

Il n'obtint pour réponse qu'un grognement de ma part pas trop décidé à m'étendre sur les nouvelles activités de notre hôte. D'un autre côté sa question me fit plaisir et ce sentiment m'étonna tout de même et me poussa à me demander à quel niveau je placer le Jary. Que représentait-il pour moi ?

Et Krakz ? Encore un inconnu pour moi il y a moins de 3 thernies, il tenait aujourd'hui une place importante dans ma vie. Nous n'avions que notre humanité pour point commun et encore... selon quel point de vue ? Il y a moins de cent ternies, les habitants de sa planète nous considéraient comme des animaux au même titres que leurs gulaks qu'ils utilisaient comme nourriture et qui se révélèrent d'une intelligence aussi élevée que la leur mais n'ayant jamais eu la chance de le prouver ayant une espérance de vie plus courte. Aujourd'hui les gulaks étaient considérés comme indispensables pour certains mathématiciens grâce à leur esprit de synthèse alors que le peuple de Krakz à l'esprit brut et souvent querelleur n'était apprécié que pour leur physique.

Leur physique ? C'est vrai que je ne m'étais jamais vraiment arrêté à faire attention au physique de mon colocataire. Il était tout ce que je n'étais pas : mono sexué, court, trapu, poilu ( enfin pas beaucoup par rapport à d'autres peuples. ), ne pouvant respirer qu'à l'air libre et non télépathe ( enfin là aussi je ne l'étais vraiment que avec le Jary alors que d'autres peuples l'étaient totalement et je les enviais un peu. ). D'ailleurs où était-il ? Une envie furieuse de le voir me prit subitement. Étonné, je fermai mon esprit au cas où cela me viendrait du Jary mais non, ce dernier semblait comme... absent. Je dus donc me déplacé à pied le long des couloirs pour enfin retrouvé Krakz penché au-dessus d'une petite nodosité dans la paroi.

- Ah te voilà ! Regarde ! Le Jary nous fait de drôles de trucs. Il nous prépare quoi ? Cela est apparu il y a moins d’un parsek. Touche c'est souple donc pas un cal ou une cicatrice et puis je ne sais comment il aurait fait pour se blesser.

Krakz se saisit de ma main pour la poser sur la bosse. Un frisson me parcourut pour le saisir ensuite lui-même. Il sourit découvrant une double série de petites dents pointues. Je détournai les yeux mal à l'aise.

Sous mes doigts la paroi me parut douce et chaude, souple comme enveloppant un corps étranger. Non ! ? Je tendis mon esprit vers lu mais ne perçut que l'esprit endormi du Jary.

- Je ne sais pas ce que cela peut-être et lâche-moi s'il te plaît.

 

 

 

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