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de mes rêves... à mes ailes...
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29 septembre 2010

l'enfant au rosier

 

Il ne faisait beau et chaud que depuis deux jours comme si la météo avait attendu que les enfants soient enfin réellement en vacances pour se faire clémente.

Enfin seule avec ma montagne de copies du bac à corriger je décidai de m'installer dans le jardin à l'abri de notre tonnelle de glycine et de jasmin que je laissais m'enivrer par leur odeur entêtante.

Je m'étais préparée une grosse théière de mon thé préféré directement importé d'Orient à la rose et au jasmin, pour me donner du coeur à l'ouvrage qui me paraissait en cette matinée ensoleillée comme une véritable torture et j'aurais bien tout balancé pour rejoindre enfant et mari au bord de l'Océan. Mais le devoir passait avant la récompense.

On nous avait bien sermonnés : tenez compte des idées et de la capacité de l'élève à traduire par écrit ses idées et à les formuler selon les codes établis et surtout de ne pas trop tenir compte des éventuelles fautes de français justement parce que nous n'étions pas professeurs de français mais de philosophie.

Je m'appliquai donc, stylo vert pour l'orthographe, bleu pour souligner les bons passages et rouge pour les erreurs grossières.

- Madame votre rosier végète !

Surprise je levai la tête et regardai autour de moi mais non ! J'avais du rêver.

- Madame votre rosier végète !

Cette fois je me levai et découvris un petit garçon aux culottes de flanelle et chemise blanche, plutôt mal peigné, assis sur les talons, les mains sur ses genoux, le menton posé dessus, observant en silence le seul rosier de notre jardin.

Cadeau de ma belle-mère, mon homme l'avait consciencieusement planté de façon à ce qu'il soit visible des fenêtres en prévision des éventuelles visite de l'auteur de ses jours. Nous l'avions oublié dès le lendemain et depuis trois ans, il survivait cahin caha.

- Mais tu sors d'où toi ?

- Je ne comprends pas ! Pourtant tout le reste de votre jardin n'est que verdure resplendissante de vie. Je ne comprends pas !

- Bonjour jeune homme !

- Jeune homme ? Ah oui ! bonjour madame. Vous avez un bien beau jardin. Il me sourit et j'eus l'impression qu'un léger souffle d'air chaude venait de me passer dans le cou comme une douce caresse. J'espère que nous ne vous avons pas fait trop peur mon escorte et moi.

- Ton escorte mon enfant ?

Mes yeux fouillèrent les sous-bois tous proches à la recherche d'éventuels hommes en armes et en armures.

- Ma panthère : Stiva ! Où es-tu encore petite coquine ?

Du bosquet voisin apparut alors l'animal, marchant en silence, plus noire que la nuit, des crocs blancs et luisants comme des pics de glaces au coeur d'un foyer de braise, s'avança vers moi. Terrorisée je n'osai bouger. Lentement, feulant faiblement elle me renifla en me tournant autour puis se frotta à moi comme un gros chat l'aurait fait à sa maîtresse quémandant quelques caresses. Sans que je ne puis m'en empêcher mes doigts glissèrent sur ce pelage plus doux que de la soie.

- Et vous venez d'où comme ça ?

- Oh ! mes parents ont loué une maison pour quelques semaines. Ma mère passe son temps à chanter des airs d'opéra devant son minuscule bac de plantes aromatiques en espérant les voir grandir et mon père passe son temps à lire au creux de son fauteuil, alors je me promène.

La grosse bête alla s'asseoir à ses pieds sa tête exactement à la même hauteur que le petit visage brun de l'enfant qu'elle nettoya d'une coup de langue amical. Son rire cristallin explosa dans le silence de mon boudoir végétal.

Bien que nous soyons déjà en début de saison touristique où la population de notre village passait de 500 âmes à plus de 5000 cela m'intrigua de ne pas avoir entendu parler d'eux. Un tel couple ne devant pas facilement passer inaperçu.

- Et tu t'appelles comment ? Tu as quel âge ?

- Terence madame pour vous servir, quant à mon âge, je ne m'en souviens jamais, mais cela a-t-il vraiment de l'importance ? Il me sourit à nouveau. Ses yeux semblait du même or pur que ceux de son gros chat. Madame sachez que vous êtes très jolie, mille fois plus que vos deux voisines et bien plus gentilles.

Il se tourna alors vers le rosier sur les épines duquel il laissa glisser ses doigts puis partit en courant vers le portail. Curieuse de voir la réaction des gens de la rue devant cet équipage, je les suivis. Mais lorsque j'arrivai sur le trottoir, ne s'étendait devant moi que la cohue habituelle des touristes se dépêchant vers la plage ou baguenaudant devant les divers chalands de saison.

 

 

Je sursautai lorsque Pierre posa sa main sur mon épaule.

- Bonsoir mon amour. Nos deux enfants sont couchés et tu devrais faire de même car tu sembles épuisée. As-tu passé un bonne journée ? Es-tu au courant de ce qu'il s'est passé dans la maison d'à côté ? Je secouai la tête, arrivant avec mal à émerger de mon rêve. Nos deux désagréables voisines ont semble-t-il été égorgées. Les seules traces laissées par leurs agresseurs seraient celles d'un enfant d'une dizaine années et d'un gros chat. Certains parlent même de vampires. Bizarre, non?

Pourquoi donc mes yeux alors ne purent se décrocher d'une petite goutte de sang écarlate aux reflets dorés sur une des épines du rosier qui semblait avoir doublé de volume et présentait des fleurs d'une taille extraordinaire.

 

Ln des Landes

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