Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
de mes rêves... à mes ailes...
de mes rêves... à mes ailes...
Publicité
Newsletter
Albums Photos
Derniers commentaires
Archives
10 août 2000

corsica trek!

1976 La Toussaint
J’avais encore quelques marques, souvenirs des vacances, lorsque je repris les cours. Les copains se moquèrent de moi en me demandant avec quelle tigresse je m’étais battu. Claude ne pouvait s’empêcher de pouffer, heureusement il ne moufta pas. Par contre, dans la chambre, lorsque je lui avais raconté, il s’était tellement bidonné que je lui avais sauté dessus et l’on s’était battus pour finir assis tous les deux contre mon lit, riant au larmes. C’est ainsi que le surveillant nous trouva, inquiet du bruit qui venait de notre chambre. En échange de sa clémence, nous dûmes lui expliquer et il me donna le surnom de spiderman qui me resta jusqu’aux vacances suivantes. Claude m’avait ramené des dessins d’Anaïs où elle m’avait représenté en surfer. Je les épinglai au-dessus de mon lit. Il m’avoua qu’elle le tannait pour qu’il lui parle de moi et il exigea de savoir mes sentiments pour elle. Mais je fus bien en peine de lui répondre.
J’étais maintenant presque ( enfin une tête de moins tout de même!) aussi grand que lui, mais il était deux fois plus large que moi. Il continuait avec beaucoup d’application son boulot de coach. Même si nous fréquentions moins la piscine, il tint parole et fin septembre, je plongeais sans problème du dix mètres. Je trouvais cet exercice extrêmement grisant et le prof de gym me proposa de m’apprendre les divers sauts. J’acceptai avec joie.
Vers le quinze septembre, nous partîmes pour quinze jours de marche. Où nous ne savions pas. Ce qui nous amusa c'est qu'ils commencèrent par un embarquement dans un car avec nos gros sacs à dos en soute. Certains d'entre nous blaguèrent en disant que c'était vraiment trop dur de marcher dans ces conditions. Trois se firent punir. Série de pompes dans l'allée centrale du bus. Le Caporal Charly se fit sadique: il posa son pied entre les omoplates du gars au sol et appuyait. Chaque fois que la poitrine touchait le sol, c'était cinq pompes de plus. On passa de dix à cinquante rapidement. Zapp et Lorient lui emboîtèrent le pas et jouèrent au même jeu de leur côté. Le grand gagnant fut Marion avec quatre vingt dix pompes à faire mais Lorient eut pitié et le lâcha à 30. Je n'aimais pas Marion Garrot. Une grande gueule avec rien derrière. Le genre glandeur et qui fait chier tout le temps et après se plaint. (Bon il y avait parfois où j'étais pas mal comme ça... mais je savais le reconnaître, et surtout j'étais pas un culot, moi!) En plus il était ignoblement moche. Il avait vingt et un ans, je lui en aurais donné trente avec ses grosses lunettes en écaille. Bref je ne l'aimais pas et j'étais presque ravi lorsqu'il s'en prenait plein la gueule. En plus là ils me l'avaient collé à côté de moi et ce serait mon binôme pour le trek, galère! En plus, maintenant il puait la transpiration. Claude trois rangée devant moi me jeta un regard amusé. Lui au moins, il était avec Joe, il avait plus de chance.
Lorient distribua une carte sans nom, juste la rose des vent et la morphologie du terrain et une boussole par binôme.
_  « Vous avez huit heures à partir de l'arrêt du car pour vous rendre à l'endroit marqué par la croix. Bon courage les garçons. Ceux qui dépasserons les dix heures ne déjeuneront pas et ne continuerons pas le trek. »
Marion demanda si le départ était l'étoile rouge ou la verte? La verte logique, enfin j'espérais. Marion me prit tout des mains. Le car s'arrêta et nous pûmes descendre. Sac sur le dos, casquette sur la tête, j'allai voir Claude.
_  « Et les mecs on reste ensemble?
_ « Pourquoi ton coéquipier ne te plaît pas? »
Je fusillais Claude du regard qui éclata de rire.
_  « Moi si j'étais toi, si tu veux pouvoir manger, tu as intérêt à lui récupérer la boussole et la carte.
_ « Bref, d'après toi Joe, tu me dis qu'il faut que je lui casse la gueule avant même de partir? »
Là ce sont les deux qui se mirent à rire. Marion mesurait un mètre soixante-quinze et même s'il n'était pas musclé, mon mètre cinquante-huit ne faisait pas le poids. Je soupirais. L'autre tournait et retournait la carte dans tous les sens. Je la lui arrachais.
_  « Si tu mettais le nord au nord, non?
_ « Bin c'est ce que j'essayais de faire. Rend-moi ça le minus.
_  « Le minus est ton major et il t'ordonne de fermer ta gueule et de lui donner aussi la boussole. »
D'abord surprit, il fit mine de me la tendre. Puis se reprit en souriant et me tendit la main.
_ « La carte! »
Je la lui rendis et me mit à courir dans la direction qu'avaient pris les autres. Ras le bol, je n'en avais pas le droit mais je rejoignais Claude! L'autre me suivait lentement en marchant.
Nous avions pour environ trois cent mètres de route à suivre avant de devoir nous enfoncer dans la garrigue. La jeep du commandement me rattrappa.
_  « Hep Weisembacher! Tu dois faire ça avec ton binôme ou vous serez tous les quatre disqualifiés.
_ « Mais avec lui je vais finir dernier ou je vais le tuer avant! Vous auriez du nous donner des flingues, que je puisse l'abattre! »
Zapp et Lorient semblaient trouver ça très drôle, moi non! Je ne voulais pas porté préjudice aux deux autres, j'attendis Marion, dégoûté. Il était vingt heures, nous devions être avant le lendemain six heures au maximum au point d'arrivée. Nous étions déjà bon derniers, je n'avais déjà plus aucun espoir.
Finalement nous arrivâmes à sept heures sous la huée de tous les autres élèves. J'avais les larmes aux yeux lorsque je rejoignis mon siège dans le bus. J'aurais voulu disparaître ou au moins pouvoir m'endormir dans mon coin pour oublier les sarcasmes de mes camarades et que je crevais la dale. En plus Monsieur me mettait tout sur le dos, disant que j'étais un boulet, j'étais soit disant un escargot qui se cassait la gueule tous les trois mètres et que j'avais un caractère de chiotte. C'était la seule chose pour laquelle j'étais d'accord avec lui. Lorsqu'il s'assit à côté de moi, je me jetai sur lui, le bourrant de coups de poings. J'avais des envies de meurtres et si les mecs de devant ne m'avaient pas bloqués, je l'aurais certainement tué. Ne pouvant plus me servir de mes bras, je continuais à coups de pieds, j'étais tellement énervé que j'en chialais. Le capitaine Gâche le sortit de son siège où il s'était roulé en boule ne pensant plus qu'à se protéger du fou furieux que j'étais devenu. Il me gifla ce qui finit de m'arrêter mais pas de me calmer.
En plus à cause de nous; nous étions en retard sur l'horaire. Nous arrivâmes au port autonome de Marseille juste limite pour monter sur le ferry pour la Corse. Ainsi donc le trek se ferait là-bas c'était une bonne nouvelle même si sur le moment je m'en moquais royal. Je descendis le dernier du bus. Et c'est tenu par le sac par le caporal Zapp et derrière Lorient que je montai tous les étages par les escaliers pour atteindre le troisième pont où nous attendaient déjà tous les autres. Ils s'étaient alignés le long d'un mur. Sac au sol contre le dit mur. Zapp me força à serrer la main à Marion que j'avais, je l'avoue pas mal amoché, déjà qu'il n'était pas beau avant, mais là... et je lui avais pété les lunettes. Au moins il ne pourrait plus lire les cartes à l'envers!
_  Weisembacher, Garrot, vous êtes et resterez en binôme jusqu'à la fin quoiqu'il arrive mais dorénavant nous vous aurons à l'oeil, vous avez compris? Il faudra que vous appreniez à faire tout ensemble malgré vos différences. Bon maintenant les petits gars, on sort les sacs de couchage et dodo! »
Hein? Mais il était dix heures du matin!
Le soleil et le vent étaient au rendez-vous. Cette traversée fut une horreur. Les vagues étaient monstrueuses. Nous étions en plein soleil et pourtant on se gelait. La moitié d'entre nous furent malades . Déjà que je n'aimais pas le mistral quand il se mettait à souffler à l'école mais là c'était encore pire!
A midi, la quinzaine de gars qui ne dormait pas put manger, je dus faire seul le service.
Lorsque je retournai à ma place, l'envie me prit de vider ma bouteille d'eau sur Marion qui ronflait. L'enflure lui, il y arrivait, moi non! Trop énervé encore. Le Capitaine Gâche qui devait me surveiller vint derrière moi et me dit de me mettre torse nu et de vider mes poches. Je lui obéis inquiet. J'en étais à me demander s'il ne comptait pas me balancer par dessus bord au bout d'une corde comme du temps des pirates. Je ne pus retenir un sourire en y pensant, ce qui ne lui plut pas. J'eus juste droit à une douche glacée pendant une bonne minute. Je ne sais pas pourquoi cette douche se trouvait là mais elle était glaciale et le vent en plus, je revins en grelottant à ma place, mais au lieu de pouvoir me coucher ou me sécher, je dus rester debout avec les gradés. Ce qui me valut en plus de superbes coups de soleil malgré mon bronzage encore frais. Et toute l'après-midi il me harcelèrent d'une manière ou d'une autre. Je dus enchaîner séries de pompes et séries de flexions avec les mains dans la nuque ce qui sur un bateau qui bouge équivaut à se transformer en clown pour amuser la galerie. Puis il me firent vider mon sac intégralement deux fois, bref j'étais dans leur collimateur et ils ne me lâchèrent pas de l'après-midi, je payais d'avoir fait le berserk.
Pour retourner dans le bus, Marion dut m'aider à soulever mon sac. Puis dans les escaliers, plusieurs fois, je manquai tomber sur Galieni qui descendait juste devant moi, mes jambes ayant du mal à me porter. Je ne tins pas plus de trente secondes les yeux ouverts une fois assis sur mon siège dans le bus.
Arrivés à destination ce fut Zapp qui me réveilla. J'appris ensuite que c'était lui et non Marion qui avait voyagé à côté de moi. Nous passâmes une nuit à Solenzara sur la base aérienne. Je crevais d'envie de demander à voir les avions de près mais je n'osais pas.
Nous finissions notre petit-déjeuner au mess lorsqu'un pilote en tenue de vol se dirigea vers nos tables.
_  « Mon Capitaine, certains de vos gars voudraient-ils venir visiter le tarmak avec moi? »
Le capitaine se leva, lui serra la main et secoua la tête.
_ « Non, je pense que cela n'intéressera aucun d'eux. »
Je crus que j'allais avoir une crise cardiaque; Eh! Moi je voulais! Claude et Joe assis en face de moi, en voyant ma tête horrifiée, piquèrent un fou rire, vite réprimé mais suffisant pour que les deux officiers se dirigent vers nous. Je me sentis devenir rouge jusqu'aux oreilles. Cette fois c'était les trois quart de mes camarades qui se mirent à rire. Marion me désigna.
_  « Si mon capitaine, lui, il est intéressé. »
Là du rouge, je dus devenir carrément cramoisi. Le pilote me mit la main sur l'épaule.
_ «  Et je parierais que tu veux devenir pilote plus tard.
_ « ... »
Ma réponse fut totalement inaudible mais vingt têtes au moins bougèrent en rythme de haut en bas et de bas en haut. Il éclata de rire.
_  « Bon allez, débarrasse ton plateau et viens, et tous ceux qui veulent aussi. Mais toi, tu as intérêt à me donner toutes les caractéristiques des avions que tu verras. »
Il ne me lâcha pas d'une semelle et me starquizza. Je répondis plus ou moins honorablement. Lorsqu'il nous raccompagna jusqu'au mess et après avoir serré la main au gradés, il se dirigea vers moi.
_  « Et bien petit gars, je fus honoré d'avoir fait ta connaissance, continue comme ça et nous aurons peut-être un jour le plaisir de voler ensemble. En attendant je t'offre ça en guise de souvenir. »
Il me donna alors deux choses: d'abord un écusson en tissus de la base mais aussi l'emblème de la chasse: une broche avec un charognard tenant un poignard dans le bec veillant au-dessus d'un nid contenant trois oisillons. Il la fixa lui-même en souriant à la poche de ma veste kaki, puis me salua.
Je devais être le mec le plus fier de la Terre mais la douche me vint du Capitaine Gâche:
_  « Weisembacher, mettez la en sourdine, je ne crois pas qu'il vous l'aurait donné s'il vous avait vu hier matin dans le bus. »
Il n'avait pas tort et puis c'était un peu grâce à Marion. Je me dirigeai vers ce dernier, en enlevant la broche.
_  «Marion, tiens et désolé pour hier matin! Tu n'avais pas totalement tort en plus! »
Notre binôme ne finit pas premier du trek mais nous apprîmes à nous connaître et à nous supporter. Nous ne fûmes jamais vraiment pôtes mais amis oui. Je continuais à ne pas supporter sa mollesse et lui mon agitation permanente et ma capacité à réagir au quart de tour et pas toujours dans le bon sens, je lui donnais le tournis. Mais au moins lorsque j'étais avec lui les filles ne regardaient que moi.
Par contre à mon retour je me retrouvai dans le bureau de Richard pour me prendre une sacré soufflante. Depuis cinq minutes Richard me passait un savon en tournant en rond devant moi. Puis il s'arrêta et posa une fesse sur son bureau et se tut. Debout, je n'osais à peine respirer, le regard fixe droit devant.
_”D'après toi, tu as qui devant toi, Ton colon ou Richard?”
Sa question m'étonna. Je le regardai.
_”Le colon.
_”Et non, espèce d'imbécile, tu l'as fourré où ton cerveau ces derniers jours? Il s'est enkillosé avec les grandes vacances? Si c'était en tant que colon je t'aurais déjà viré du bahut. Tu te rends comptes que tu es un chien fou, un dingue qui m'a déjà esquinté deux hommes? Tu crois que l'armée va vouloir d'un animal comme toi, incapable de contenir ses pulsions destructrices? Qu'ils vont accepter de mettre entre les mains d'un éléments incontrôlable des petits bijoux de plusieurs millions? Mon gars t'es mal barré si tu continues comme ça. Je vais encore fermé les yeux car c'est toi et Garrot ne veut pas porté plainte, tu as de la chance que ce mec soit aussi sympa, par contre pour le capitaine Gâche, ce n'est pas pareil: il a juré de te rendre la vie dure. Il ne te fait plus confiance du tout. D'après toi, a-t-il raison ou pas?”
C'est moi, qui n'avais plus confiance en moi, là! Je secouai la tête, je ne savais pas quoi répondre, j'avais les yeux qui brûlaient. Je détournai le regard, par la fenêtre je voyais le balcon de leur appart. Bien sûr qu'il avait raison. J'étais dangereux. Je serai les poings. J'étais un naze, un pauvre mec.
_”Gâche m'a proposé de te changer de chambre. De te mettre avec Garrot, t'en penses quoi? Et je n'ai rien dit à Gisou et au filles, j'hésite à leur raconter, déjà qu'elles disent de toi que t'es un malade, mais là elles diront quoi?”
_”Pour Garrot, je m'en fiche. Je regretterai D'Aureillan avec qui je m'entends mieux mais bon c'est vous qui décidez et je le mérite, pas Garrot par contre. Je sais qu'il préférerait rester avec Jeff. Il a du mal à me supporter. » Je baissai la tête pour contempler mes pieds, je n'étais pas fier. « Pour Gisou, elle n'a pas du être surprise. »
Il ne put s'empêcher de sourire.
_ «Par contre je te dégrade. Tu n'es plus major malgré tes résultats scolaires. Si tu comptes un jour devenir un bon officier il te faudra aussi faire la preuve de tes capacités de meneur d'homme. Et là tu as été en dessous de tout. Garrot aurait du te suivre et ne pas t'imposer sa volonté. Tu étais son gradé. Un officier dois aussi savoir se faire obéir par ses hommes même lorsqu'ils font le double d'eux. Disparais! »
Il me consigna pendant trois semaines. Laps de temps où je morflai avec les pédagos et les gradés qui furent tout le temps sur mon dos. Je dus aussi changer de chambre pour celle de Marion. Et contre toutes attentes, si le cohabitation commença par quelques bonnes bagarres entre moi et lui. Où personne ne vint intervenir. Mais à partir du moment où je sus m'imposer, elle fut assez bonne.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité